Press  release  for Get Noticed  -  The  Red Head  Gallery

Mo Mouhie, I love to lay in bed and daydream (detail), 2024, oil on canvas, 48 x 48 inches. 
Image courtesy of the artist.

Get Noticed 2024


Curated by Na’ama Freeman and Erin Szikora

December 4 – 21, 2024
Opening Reception: Thursday, December 5, 5:30 – 8pm
The Red Head Gallery, Toronto

Get Noticed
is a bi-annual exhibition of artists who do not have formal representation staged at the Red Head Gallery. This year’s edition of Get Noticed was juried by Na’ama Freeman and Erin Szikora. The exhibition features a selection of 18 artists across a broad range of styles and media.

The exhibition features work by Joy Adeola, Jude Akrey, Oksana Berda, Miguel Caba, Carolyn Cheng, Sofia Escobar, Raha Fard, Sylvia Galbraith, Paul Gravett, Bram Locknick, Kaeli Macdonald, Billie MacFarland, Mo Mouhie, William Peltier, Fabrizio Sclocco, Amber Smith-Quail, Lucia Volker and Noel Yardley.
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In reviewing the submissions for this year’s Get Noticed, we were deeply impressed by the creativity, diversity of mediums, and technical skill shared across artists. This made our task both challenging and incredibly rewarding. Throughout the process, our aim was to showcase a wide range of artworks across mediums, reflective of the diverse artistic practices seen today. Slowly, a thread began to emerge – one centered on personal narrative, fleeting intimacy, and the tacit connections that bind us all together. The final selection embodies this shared pulse, capturing a spectrum of voices, experiences, and perspectives through distinct expressions of colour and form. We hope you enjoy this collection and perhaps find that it invites reflection on the ways which art can speak to the complexities that shape our lives.
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Source : https://akimbo.ca/listings/get-noticed-2024/

Article for VH and Challenge magazine Mai 2024 : Les fragments identitaires et la   quête  de soi
Untitled VIII, 2024, Oil on canvas, 40.5 x 50.5cm


Press Release on Untitled:

Des pantins, déformés, l'air abattu. Ils n'osent presque pas rencontrer le regard censeur/désapprobateur de celui qui les observe et constate leur renoncement.
On distingue dans leur expression inspirant la pitié un parfum de culpabilité, car ils se sont sciemment laissé glisser dans cette fatalité, acceptant de se laisser guider par cette entité, sachant néanmoins l'absurdité d'un tel dessein. 
Ils se résolvent, par confort ou paresse, à suivre ce modèle bien que leur différence de nature compromette l'opportunité d'une telle destinée, les livrant sans doute à une succession d'échecs et de frustrations. Mais surtout, une destinée qui refuse la découverte de leur être et les éloigne de leur individualité, de leur épanouissement. 
Dans cette série initiale, Mo Mouhie nous dévoile la thématique du travail qu'il entame ici et poursuivra sur plusieurs séries : la quête de soi, du moi. 

Cette réflexion identitaire est mise en scène dans le rapport de dualité entre ces personnages chétifs, ces pantins qui symbolisent la fragilité humaine face à un modèle herculéen, sans visage, personnifiant les attentes sociales et leur emprise. 
Cette relation d'influence suggérée par les postures puissantes et athlétiques de l'abstraction face au regard résigné des marionnettes illustre les conflits internes impulsés par la pression sociale qui impose une conformité contraire à nos aspirations les plus profondes, créant un malêtre abyssal. 
Cette première série incarne la genèse du travail introspectif qui questionne les normes sociales et leur cohérence dans la projection du soi. 
L'utilisation du papier journal pour modeler l'abstraction est très symbolique. Elle renvoie au média, véhicule de la pression sociale, qui façonne, influence et conditionne l'opinion de son audience. 

L'allusion théâtrale des fonds utilisés renforce la métaphore de la société comme spectacle absurde où les individus se perdent. L'observateur, condamnant la faiblesse des personnages, ne peut s'empêcher de ressentir une profonde empathie pour eux. Le paradoxe fait écho au dilemme de chacun face à la conformité sociale. L'artiste dépeint ainsi sa propre lutte entre aspirations personnelles et réalités sociales. 
Considéré encore par une partie de l'opinion comme un choix fantaisiste, manquant de sérieux, un loisir dont il est utopique de penser pouvoir vivre, certains artistes doivent transiger et se conformer aux exigences sociales avant de pouvoir vivre de leur art. Une frustration destructrice. 

Né en 1991 à Casablanca, Mo Mouhie découvre la peinture comme exutoire dès son plus jeune âge. Animé par une quête intérieure incessante, l'artiste, désormais établi à Toronto, a forgé son chemin entre les arômes envoûtants et les coutumes du Maroc, terre de son enfance et de son éveil, et les États-Unis, où il a puisé une inspiration créative sans limites. Vacillant entre désir de fuite et besoin d'ancrage, sa peinture manifeste les tiraillements qui l'habitent et l'entourent. À travers cette première série, Mo Mouhie exprime avec subtilité les tensions entre individualité et conformité, offrant une méditation poignante sur la condition humaine. 

Source :  
https://www.vh.ma/actualite-news-express-maroc/mo-mouhie-les-fragments-identitaires-et-la-quete-de-soi/

Léa Andrieu – Mandataire d’artistes

Critic text on Untitled V

Untitled V, 2023, Oil and collage on canvas, 120 x 120cm

Du plafond, pendent deux longs fils orangés qui trouvent plus bas leur ancrage sur le haut ducrâne de deux personnages. Ces individus, situés sur la partie gauche du tableau, ont la tête légèrement inclinée vers le haut, le regard tendu comme vers un ailleurs. En réalité, ils contemplent, légèrement au-dessus d’eux, une créature colossale, composée de morceaux de papier journal, qui les surplombe dans une torsion quasi-athlétique. L’immobilisme de ce duo de pantins passifs - comme condamné à observer - tranche avec le mouvement du gymnaste.
Mais le titan de papier, lui, n’a pas de tête, pas de visage, et donc, pas de regard. S’il peut se prêter au jeu de la parade, il ne peut cependant les regarder en retour.
Il ne peut pas entrer dans la joute visuelle. Dans cette dialectique regardant-regardé, c’est le regard de l’artiste lui-même qui est ici représenté. Avant d’entamer la peinture, Mo Mouhie s’attèle, en véritable naturaliste, à observer – pour ne pas dire « disséquer » - son propre environnement. Les êtres qui peuplent ses peinture, lui sont inspirés directement par ses proches : parents, amis ou collègues...quand ce n’est pas tout simplement lui-même, dans un futur proche ou plus lointain, qu’il cherche à esquisser. Sauf que le peintre n’observe pas la Nature, mais plutôt la nature humaine.

Fasciné par les rapports sociaux et les mécanismes relationnels, il tente de scruter les
composantes de notre identité profonde et d’en comprendre les résultantes interpersonnelles et leurs répercussions égotiques. Pour ce faire, il doit se confronter à nos questionnements fondamentaux : cette identité que nous pensons unique, est-elle inaliénable,ou simple machination de la matrice ? Comment, si elle est véridique, peut-elle se prêter docilement au jeu du monde oppressif qui l’entoure ? Pour Mo, le conformisme de l’individu est une oscillation constante, entre porte de sortie providentielle et compromission. Un écartèlement qui dessine en creux notre potentialité à nous jouer et nous déjouer des masques que nous nous sommes nous-mêmes créés.

La dualité du choix – propre à ces questionnements intrinsèques - est omniprésente dans les œuvres figuratives de Mohamed : la platitude de la peinture à l’huile exulte l’aspect matiériste du collage, la distorsion des personnages en cols blancs vient se heurter à l’exigence performative des beautés antiques dont sont inspirés les colosses de papier, l’insolente liberté de ces derniers se heurte à l’apparente ingénuité des « workers », qui nous apparaissent suspendus, comme sans personnalité, mais qui sont pourtant eux, dotés du droit de nous regarder. Et donc de nous juger. L’œuvre de Mo dévoile un univers de friction, à la manière de ces cernes qui irriguent ses toiles : des mondes qui se côtoient sans jamais être parfaitement perméables, à la manière de nos identités complexes et fragmentées.

Anaïs Fa - Curatrice d’exposition 
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